La folie du flou en macro, guest star : Sympetrum fonscolombii

Ce titre n’a pas été facile à trouver : comment être assez clair pour dire qu’on va parler de diaphragme et de distances, distance entre le photographe et le sujet, et distance entre le sujet et l’arrière plan?

J’ai souvent remarqué que la mode était au flou, même en macro. Je ne m’étendrais pas sur une liaison éventuelle entre flou et beau, par contre je vais m’arrêter un peu plus sur le fait que plus il y a de flou, moins on voit de net et ce jusqu’à l’extrême. Bien évidemment, si vous êtes un artiste dans l’âme inconditionnel du flou, ce billet n’est pas fait pour vous 😉

Oui ce sera un peu technique, et oui c’est utilisable quel que soit le boitier, à partir du moment ou vous pouvez régler vous-même le diaphragme de votre appareil ou pas.

Pour illustrer tout ce blabla (qui va fortement diminuer vous allez voir) j’ai recruté à l’insu de son plein gré, une femelle Sympetrum fonscolombii (Odonata, Anisoptera, Libellulidae) qui a eu la gentillesse de se trouver là au bon moment et d’être patiente en plus.

Il parait que seul un diaphragme ouvert (i.e. f/2, ou encore f/2.8, bref un nombre faible) permet d’obtenir du flou en arrière plan. La photo suivante (non recadrée) a donc été faite à f/10 (on parle alors de diaphragme plutôt fermé) avec un objectif macro (Olympus MZD 60mm f/2.8 macro) :

Sympetrum fonscolombii femelle

E-M5 : ISO 200, focale 60mm, ouverture f/10, obturation 1/200s

Ben ça alors : c’est flou! Pourquoi?

Le boitier étant proche du sujet à photographier (distance appareil photo – sujet faible) et la distance entre le sujet et l’arrière plan étant très grande, au delà du plan de netteté, la libellule est donc nette (surtout à f/10) et l’arrière plan flou.

Je vous vois déjà dire un « oui mais!« . Ok, oui mais, par comparaison, sans changer d’objectif ni de position, voici le même sujet à f/2.8 (photo non recadrée) :

Sympetrum fonscolombii femelle

E-M5 : ISO 200, focale 60mm, ouverture f/2.8, obturation 1/3200s

Vous êtes contents, c’est flou! Oui mais (encore) : en plus d’être floue, elle n’est pas nette! Je m’explique : le plan de netteté, i.e. l’espace net, est plus étroit que pour la photo réalisée à f/10. On a donc un peu d’oeil gauche (à droite sur la photo) de net, quelques bouts de pattes et un morceau d’aile droite (bien visible) : à moins que vous ne pratiquiez l’art abstrait (ou autre forme d’art), cette photo est ratée. Le résultat aurait été plus extrême encore si j’avais utilisé un reflex et non un hybride.

Autre idée reçue, il faut obligatoirement utiliser un objectif spécialisé en macrophotographie pour obtenir une belle photo de bestiole dans le flou. Exemple pratique avec ce qu’il est convenu d’appeler un couteau suisse, comprendre par là un objectif bon à tout faire mais bon dans rien, toujours chez Olympus un MZD 14-150 f/4-f/5.6, surnommé « le trou de serrure », tellement le diaphragme est peu ouvert :

Sympetrum fonscolombii femelle

E-PL5 : ISO 200, focale 150mm, ouverture f/5.6, obturation 1/1000s

C’est trop loin? Attendez je recadre, c’est la même photo :

Sympetrum fonscolombii femelle

E-PL5 : ISO 200, focale 150mm, ouverture f/5.6, obturation 1/1000s

Alors? Quelques idées reçues se sont envolées?

Bien évidemment il y a des contraintes et limitations :

  • La distance minimale de mise au point n’est pas la même quand on utilise un tel objectif par rapport à un véritable objectif macro, elle est ici plus importante (la distance appareil photo – sujet est plus grande);
  • je cadre plus large donc je recadre, ça implique une netteté sans faille sur le sujet;
  • il faut faire encore plus attention à l’arrière plan si on recherche un fond flou;
  • une focale plus longue (ici 150mm est plus long que 60 mm) implique une plus grande stabilité du photographe ainsi qu’une vitesse d’obturation plus importante pour éviter le flou de bouger.

Par contre, la stabilisation du boitier n’est pas forcément prépondérante : vous avez pu remarquer que j’ai utilisé le E-PL5 avec la longue focale, alors que ce boitier dispose d’une stabilisation largement inférieure à celle de l’E-M5. Pour enfoncer le clou, en macro j’utilise aussi un reflex ne disposant d’aucun système de stabilisation… il suffit de chercher sur ce site quelques exemples. Ce qui est primordial ici est donc bien la stabilité du photographe.

Voilà, j’espère avoir éclairci certaines choses par rapport aux questions qui me sont habituellement posées.

La conclusion? J’ai repris l’objectif macro, et j’ai recadré :

Sympetrum fonscolombii femelle

E-M5 : ISO 200, focale 60mm, ouverture f/5.6, obturation 1/640s

Comme vous pouvez le constater, je n’étais pas à f/2.8 mais à f/5.6. L’animal baigne dans le flou mais pas trop, car on distingue encore plusieurs éléments permettant de l’identifier, car un autre « problème » qu’on rencontre souvent en macro, c’est que beaucoup cherchent à faire de belles photos, mais ne savent pas ce qu’ils ont pris… Ceci est une autre histoire.

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